Une fois encore et malgré moi, je suis instantanément amené à plonger dans cette oeuvre de Dominique Meunier.
Dans ce fracas apparent, le ciel se confond à la Terre, le sol se dérobe comme pour ne pas porter le poids de la folie des hommes. Le tableau semble pourtant nous rappeler que nous formons un tout avec le reste de l'univers, que nous le voulions ou pas. L'humain est là dans tout ce qu'il a de plus beau mais également tout ce qu'il a d'exécrable, de plus ignoble. Je le ressens pleinement ! L'amour est tout aussi ensanglanté que le ciel. Son messager m'appelle par sa silhouette discrète mais prenante. Les lumières de la bonté l'ont quitté et se dispersent dans un rouge orangé atténué par la noirceur des humeurs. Je n'échappe pas à ce cri de douleur si sourd et pourtant si prenant. Le peintre fait pleurer ses couleurs et la colline toute entière s'embrase. les quatre coins de l'oeuvre ont bien du mal à contenir ses nuances d'ombres et de lumière. Comme un élan, une envolée soudaine, les coups de pinceau du peintre s'échappent de la toile et font courir la douleur jusqu'à moi. La magie se trouve là.
Dominique Meunier a su, une nouvelle fois, giflé suffisamment mon esprit et provoquer l'émoi. Le souffle de cette gifle se pose simultanément avec délicatesse, contraste et force. Je suis projeté dans un fragment de ce moment d'histoire incontournable et, malgré mon innocence, je me cherche indéniablement dans ces ombres. Âmes perdues, disciples, spectateurs du pire ou encore, corps dénués d'âmes, tous abandonnés à la noirceur de l'instant, les ombres déposées par les traits de l'artiste me suggèrent un plongeon et me renvoie presque instantanément et par opposition à la toile de "Adam et Eve au Paradis Terrestre" de Johan Wenzl Peter.
Le Paradis n'est pas terreste ? Est-ce l'espoir ou la croyance qui s'en va ? Est-ce un cri ou bien une quête ? Une fois mon regard éloigné de "Golgotha", je n'ai pas de réponse mais une certitude s'impose à moi. Que l'on soit croyant ou pas, ce moment d'histoire et la naissance de cet homme, fils de Dieu ou simple et humble colporteur d'amour a marqué le tempo de mon calendrier de vie. La toile de Dominique Meunier me donne à réfléchir sur notre actualité et sur les raisons qui poussent tant d'hommes à la violence et à la sauvagerie. Jésus et cette toile laissent flotter dans mon esprit, cette volonté d'aimer et d'être aimé que nous portons tous en nous. Hélas, le rouge orangé n'a pas encore quitté le ciel de l'humanité.
Stéphane Théri